On ne le répétera jamais assez : le féminisme est avant tout une question d’humanisme ! Il concerne tout le monde, les femmes mais aussi les hommes. Une vision que partage totalement Lionel Lesguer. Très impliqué au sein d’associations ou de mouvements féministes, il partage son (ses) engagement(s) avec nous, en particulier contre les violences faites aux femmes.
Par la rédaction
AFF : Quels sont tes engagements féministes ?
Lionel Lesguer : Ma maman m’a transmis ses convictions féministes et la première personnalité politique dont j’ai entendu le nom était Simone Veil.Je suis engagé depuis quelques années dans des organisations féministes telles que Digital Ladies & Allies, au Comité ONU Femme France et dernièrement à l’Association Française du Féminisme.
AFF : Tu es particulièrement impliqué sur le sujet de la violence conjugale. Pourquoi ?
Lionel : Cela peut surprendre au premier abord car aucun parent ou proche dans mon entourage n’a été victime de violences intrafamiliales. Mais, j’ai toujours été choqué par les violences faites aux femmes et surtout par l’impunité qui faisaient suite à ces violences ; choqué par les violences conjugales ; choqué par les harcèlements sexuels et sexistes ; et ne parlons pas des stéréotypes de genre !
L’homme est l’animal le plus coercitif et violent avec « sa femme » du monde animal selon Pascal Picq.
Pendant longtemps, sur les réseaux sociaux, j’ai partagé des sujets autour de l’égalité Femmes / Hommes, notamment dans la tech. Puis advint la crise sanitaire liée au covid et tout a été chamboulé. Les violences intrafamiliales ont explosé pendant les confinements et les harcèlements du rue ont quant à eux explosé lors des déconfinements.
J’ai alors suivi StandUp, la formation en ligne de la Fondation des Femmes portant sur le harcèlement de rue, afin de savoir comment intervenir si j’étais témoin d’un harcèlement de rue sexuel par la Méthode 5D.
Et un jour, je suis tombé sur les chiffres de la violence conjugale : 200 000 femmes victimes de violences conjugales et surtout 240 femmes qui se suicident chaque année car elles n’ont aucune autre alternative. Le 14 juin dernier, 54 féminicides avaient déjà eu lieu en France !
Et il s’avère que dans le cas de violences conjugales, 98 % des bourreaux sont des hommes. La question que je me suis alors posé a été : que puis-je faire ?
En savoir plus sur la formation StandUp
AFF : Justement, je te pose la question : que faire ?
Lionel : J’ai posé la question sur Facebook : que puis-je faire ? Je ne suis pas professionnel, je ne suis pas psy et je suis un homme, donc je ne me voyais pas être dans une association d’aide aux victimes. Yael Jacquey m’a alors contacté et m’a raconté qu’elle était elle-même victime de violences conjugales. On a décidé de créer un collectif « Elle le quitte, il la tue… elle survit ».
Le collectif se compose de 7 personnes. Nous avons contacté les associations d’aide aux victimes de violences conjugales et relayé le projet sur les réseaux sociaux.
AFF : Peux-tu nous en dire plus sur ce projet ?
Lionel : Nous collectons des témoignages de victimes de violences. Certaines ont subi des tentatives de meurtres. Nous avons actuellement 17 témoignages recueillis auprès de 15 femmes. L’idée ensuite est de les publier (on recherche un éditeur). En annexe, il est prévu de préciser la procédure, les adresses, les numéros de téléphone et les applications utiles.
La rédaction sera effectuée par une experte du collectif qui aide les victimes de violences conjugales au quotidien. Un de nos membres qui est photographe pourra l’illustrer. Chaque témoignage sera donc accompagné d’une photo de la personne, d’un lieu choisi ou d’un objet choisi. Cette pandémie de la violence conjugale et de la violence patriarcale doit disparaitre !
AFF : Un autre projet ?
Lionel : Oui ! Je vais travailler sur un projet de sensibilisation aux violences faites aux femmes en situation de handicap avec Stéphanie Gateau dans les semaines ou les mois à venir. 80 % des femmes en situation de handicap ont subi des violences selon un organisation européen. C’est scandaleux et il faut aussi le mettre sur la place publique !
Lire aussi
- Moi, Bruno, 56 ans et… féministe ?
- Entretien avec la réalisatrice Anne Thorens
- Meritis, une entreprise « Women in Tech »