Pour cette ESN (entreprise de services du numérique), une seule règle s’impose dans les recrutements : la compétence. Avec sa culture d’entreprise inclusive, Meritis contribue à défendre la place des femmes dans un environnement encore majoritairement masculin. En 2021, l’entreprise va plus loin avec une campagne de sensibilisation, « Women In Tech », qui donne la parole à des collaboratrices pour susciter des vocations. Les explications de Marie Jacquot-Vivier, DRH de Meritis.

Par Gilles Marchand

Dans l’IT, selon les estimations et les métiers, les femmes sont fortement sous-représentées. Chez Meritis, cette proportion atteint déjà près d’un tiers de vos consultants/ingénieurs.

Quels freins vous empêchent d’aller plus loin ?

Marie Jacquot-Vivier : Nos défis de recrutement sont de deux ordres :

  • D’abord, la demande de profils IT explose pour accompagner la transformation digitale de l’entreprise et de la société, et le nombre de candidatures est insuffisant pour couvrir la demande.
  • Ensuite, à cette pénurie de profils s’ajoute une pénurie de candidates.

Pour nos embauches, le critère principal reste la compétence et nous mettons ensuite l’accent sur les conditions d’expression du plein potentiel de nos salariés, avec un programme de qualité de vie au travail personnalisée. C’est sans doute ce qui explique que nous fassions bien mieux que la moyenne, sans pour autant réussir à atteindre la parité entre femmes et hommes dans nos effectifs – parité que nous espérons atteindre en 2015.

« Depuis sa création, Meritis s’engage en faveur des femmes dans l’IT »

Concrètement, comment se manifeste votre politique en faveur de l’égalité femmes-hommes ?

Marie Jacquot-Vivier : Toutes fonctions confondues, les femmes représentent 58 % des salariés du siège : on peut faire carrière dans le numérique sans être développeuse ! L’accès des femmes aux responsabilités se traduit dans son comité de direction, composé de plus de 40 % de femmes – que l’on va retrouver à des postes de directeur d’agence ou encore de directeur associé. Nous avons également des règles strictes pour prévenir toute dérive, par exemple la vérification annuelle de l’ensemble des salaires pour s’assurer qu’ils correspondent bien au poste et au niveau d’expérience.

Nous nous assurons aussi que le congé maternité n’affecte en rien l’augmentation annuelle. Meritis est une jeune entreprise, tous les membres du comité de direction ont vécu personnellement l’arrivée d’un enfant et savent donc ce qui doit être mis en place.

Toutes fonctions confondues, les femmes représentent 58 % des salariés du siège

À l’occasion de la Journée internationale des droits de femmes, le 8 mars dernier, vous avez lancé la campagne « Women in Tech ». De quoi s’agit-il ?

Marie Jacquot-Vivier : L’un des principaux freins qui limite l’accès des femmes aux métiers IT reste les stéréotypes. C’est justement pour casser ces représentations biaisées que nous avons voulu donner la parole à nos collaboratrices. Elles racontent leur parcours, leur envie de travailler dans le digital, leur job au quotidien… Ce qui m’a marqué est que leur genre n’a, à leurs yeux, jamais été une barrière, mais qu’en revanche elle se sont préparées à entrer dans un environnement masculin et à ce titre estiment avoir eu des choses à prouver.

Comme si on devait en faire plus quand on est une femme ! Nous souhaitons largement valoriser ces témoignages-vidéo, à la fois sur notre site et nos réseaux sociaux, dans nos relations écoles, dans les médias, etc. Avec cette campagne, nous espérons simplement contribuer à changer le regard du grand public, toucher des élèves, des lycéennes… et des hommes !

 

Focus sur quatre initiatives d’entreprise

En 2020, les femmes ne représentaient que 28 % des salariés du numérique, selon un rapport du Syntec Numérique.  Favoriser davantage de diversité dans les métiers IT : c’est le sens de plusieurs dispositifs et actions lancés ces derniers mois.

  • L’enseigne d’e-commerce ManoMano, spécialisée dans le bricolage et le jardinage, vient de lancer un Graduate Program avec Ada Tech School, qui promeut la féminisation de la tech. L’objectif : améliorer l’inclusion dans ses équipes, IT notamment. Quatre alternants, dont trois jeunes femmes, vont suivre ce programme d’un an à partir de juin 2021, qui va leur permettre de participer aux projets digitaux de ManoMano.
  • Les écoles Epitech et Epita s’associent au programme Amazon Futur Engineer. Ce dispositif est lancé par le géant du e-commerce (qui a été sous le feu des critiques avec son algorithme de recrutement qui discrimine les femmes), pour sensibiliser les jeunes aux opportunités professionnelles offertes par le numérique, avec une attention particulière aux lycéennes et étudiantes.
  • Mastercard, le Crédit Mutuel Arkéa et Trace Academia lancent le programme “Tech The Power” pour lutter contre les stéréotypes de genre dans la Tech. Ce programme pédagogique et ludique, prévu pour durer quatre ans, vise à promouvoir les métiers de la tech auprès de 500 000 adolescentes. Au programme, des contenus portés par des rôles modèles aux parcours inspirants.
  • Du 8 mars au 17 avril, l’ESN Helpline a déployé sa campagne “L’IT au féminin”, destinée à sensibiliser le grand public sur l’inclusion des femmes dans le secteur numérique. L’entreprise a notamment misé sur des témoignages, écrits ou vidéo, de collaboratrices pour illustrer la grande variété de parcours, métiers et profils. « N’ayez pas peur de vous imposer ! », explique ainsi Mathilde, développeuse web et graphiste.

Crédit photo : Marie Jacquot-Vivier, DRH de Meritis – ©Meritis

 

À propos de l’auteur

Neuropsychologue de formation, Gilles Marchand s’est ensuite tourné vers le journalisme, orientation « sciences cognitives », pour assouvir sa soif de comprendre l’être humain, ses forces, faiblesses et contradictions. Depuis quatre ans, il codirige Mediathena, agence de communication scientifique, qu’il a fondée avec son associée Diane – nommée présidente à l’unanimité des deux voix !

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