Même si les choses n’avancent pas toujours aussi vite qu’on le souhaiterait, impossible de nier les nombreuses avancées féministes qui ont traversé l’année 2020. C’est le moment de faire un petit bilan des événements qui nous ont marqué.e.s en cette année et de se réjouir ensemble des avancées en France et dans le monde.

Par Louise.

Droits des femmes

Bien que le droit à l’avortement soit très souvent remis en question, 2020 a été l’année de nombreuses améliorations à ce sujet à travers le monde.

La Nouvelle-Zélande a dépénalisé l’avortement en mars. L’IVG est à présent possible jusqu’à 20 semaines de grossesse. La Thaïlande a décriminalisé l’avortement à son tour jusqu’à 12 semaines de grossesse. Et l’année se termine par des bonnes nouvelles en provenance d’Argentine, où le Sénat a légalisé l’avortement le 30 décembre, jusqu’à quatorze semaine de grossesse.

En Italie, pays où 70 % des médecins invoquent la clause de conscience pour ne pas pratiquer l’IVG, il ne sera plus nécessaire de passer par la case hospitalisation pour avoir accès à la pilule abortive. Le passage en ambulatoire suffira.

Certains pays ont également modifié leurs règles d’accès à l’avortement pendant l’état d’urgence sanitaire. Aux États-Unis par exemple, dans certains États, la pilule abortive est devenue accessible par courrier, sans avoir à se rendre en personne à l’hôpital.

Grande avancée au Soudan où a été adoptée une loi qui criminalise les mutilations génitales féminines sans fin thérapeutique.

Il y avait urgence car 88 % des femmes soudanaises de 15 à 49 ans ont subi au moins une forme de mutilation féminine.

Aujourd’hui, toute personne qui mutilera une femme pourra écoper jusqu’à 3 ans de prison. Dans la foulée, le Soudan a également interdit le mariage des enfants, ce qui aura des conséquences sur la liberté et la scolarisation des petites filles.

Côté égalité salariale, l’Espagne a rédigé un décret qui impose aux entreprises d’afficher les écarts de salaires selon le genre. Dans le pays, le salaire moyen pour une femme pour un temps complet équivalait cette année à 90 % de celui d’un homme. Grâce aux informations données par les entreprises, les femmes auront les éléments en mains pour négocier les augmentations de salaire auxquelles elles ont droit.

Et la France n’est pas en reste avec, notamment, deux bonnes nouvelles dans la lutte contre la précarité des femmes. Premièrement, il sera possible de débloquer l’épargne salariale pour les victimes de violences conjugales, après l’obtention de l’ordonnance de protection de la part d’un juge. Cet argent habituellement bloqué pourra donc être accessible. Deuxièmement, la CAF pourra aller directement saisir l’argent des pensions alimentaires impayées, offrant une solution plus pérenne – et sereine – en cas d’impayés.

Justice

Après que 93 femmes ont dénoncé les agressions sexuelles et 14 les viols commis à leur encontre par Harvey Weinstein, ce dernier a été reconnu coupable de viol et d’agression sexuelle par la justice américaine. Il a été condamné à 23 ans de prison.

Côté Revenge Porn, la Belgique a facilité la procédure de retrait des images mises sur internet sans le consentement de la personne sur la photo. Elles devront avoir disparu dans les 6 heures. Les amendes sont également plus lourdes pouvant aller de 200 à 15 000 €, voire de 6 mois à 5 ans de prison.

Représentation

Les élections municipales de 2020 en France ont permis d’élire un grand nombre de femmes. La France n’avait jamais compté autant de mairesses. On reste très loin de la parité, mais cela augmente progressivement. De plus, l’hexagone a connu l’élection de la première femme trans au poste de maire : Marie Cau, mairesse de Tilloy-Les-Marchiennes dans le Nord (59).

Au Gabon, en juillet, Rose Christiane Ossouka est devenue la première femme Première Ministre. Son parcours est particulièrement impressionnant puisqu’elle a aussi été la première femme à devenir mairesse de la Capitale, Libreville.

Depuis mars en Tunisie, on peut voir pour la première fois le visage d’une femme imprimé sur des billets de banque. Il s’agit de Tawhida Ben Cheïkh, première femme médecin du Maghreb, également la première bachelière musulmane de Tunisie. On lui doit la mise en place du planning familial en Tunisie, projet auquel elle a largement contribué.

Dans la fiction à présent, on peut se réjouir de deux annonces : Sony va étendre son univers Marvel-Spiderman avec une super héroïne, nommée Jackpot. On a hâte ! Et que dire de la décision de donner le matricule du célèbre agent 007 à un personnage féminin, noir et lesbien ? C’est donc Lashana Lynch qui remplacera Daniel Graig, l’agent James Bond laissant sa place à l’agent Nomi sous le matricule 007.

Langage

En 2021, un petit nouveau fera son entrée dans le Larousse : le mot « féminicide ». Déjà présent dans le Petit Robert depuis 2015, ce mot qui désigne le meurtre d’une femme ou d’une fille en raison de son sexe est de plus en plus utilisé. Bien nommer ce crime est très important pour lutter à son encontre.

Les dictionnaires Oxford vont enfin changer leur définition du mot « femme », ne rattachant plus la femme exclusivement à la subordination aux hommes ou à une (hyper)sexualisation.

Cinéma

Malgré un début 2020 peu joyeux avec la Cérémonie des César remettant un prix à Polanski, les mobilisations féministes ont gagné : l’académie des César a exclu Roman Polanski.

Mieux encore, la parité devient maintenant la règle pour le choix des 164 membres de l’assemblée générale de l’association pour la promotion du cinéma.

Sport

À la suite d’une vague de dénonciations de violences entre décembre 2019 et janvier 2020 dans le sport en France, les choses semblent avoir bougé. Tous les signalements ont donné lieu à une enquête administrative. Cela a mené à l’identification de 177 auteurs de violences présumés.

Début juillet, 88 procédures judiciaires étaient en cours, 16 personnes incarcérées, 67 interdictions d’exercer.

Même si ces chiffres sont loin d’être réjouissants, ils indiquent la fin d’une certaine impunité dans le domaine du sport.

De plus en plus de pays veulent rémunérer les joueuses de foot des équipes nationales à la hauteur de leurs homologues masculins. La confédération de football du Brésil a annoncé que les joueuses recevront la même rémunération que les hommes pour les matchs internationaux. Le Brésil vient donc rejoindre l’Angleterre, l’Australie, la Norvège et la Nouvelle-Zélande dans la marche vers l’équité salariale dans le sport.

Hygiène et menstruation

En cette fin d’année, l’Écosse a annoncé qu’elle allait rendre les protections hygiéniques gratuites pour toutes les femmes. Elles seront disponibles dans la plupart des établissements publics. La Nouvelle-Zélande a commencé un programme similaire en distribuant des protections dans les écoles qui voudront participer.

En France, depuis le mois de février, il y a des expérimentation de gratuité des protections hygiéniques dans certains lieux pour aider contre la précarité menstruelle.

Bien que le congé menstruel soit une proposition controversée – par peur qu’il augmente la discrimination à l’emploi –, l’entreprise Zomato en Inde a décidé de l’expérimenter. Les personnes ayant leurs règles pourront donc prendre jusqu’à 10 jours de congés menstruels par an.

Des nouvelles de l’espace à présent : les nouvelles toilettes de la Station Spatiale Internationale (ISS) sont enfin adaptées aux besoins des astronautes femmes qui disposent désormais d’un siège. Bien plus pratique pour le confort des femmes envoyées dans l’espace.

Les droits LGBTQI+

Cette année 2020 a aussi été marquée par l’évolution des législations en faveur du mariage entre deux personnes de genres identiques. En mai, c’est le Costa Rica qui légalisait le mariage pour les couples de même Drapeau LGBTsexe. Il s’agit donc du premier pays d’Amérique centrale à légaliser le mariage pour tous. C’est une grande avancée, surtout pour un pays catholique.

En Suisse aussi, la situation évolue puisque le parlement a enfin dit oui, après sept ans de processus parlementaire, au mariage pour couples de même sexe. Il va encore plus loin en donnant accès au don de sperme pour les couples de femmes. Et le parlement a également rendu l’homophobie illégale.

Au Chili, en juin dernier, la justice a reconnu pour la première fois deux mères pour un enfant, en considérant qu’il s’agissait d’une atteinte aux droits de l’enfant de ne pas reconnaître sa mère sociale, et aux droits de la mère sociale de ne pas être reconnue comme la mère de l’enfant.

Les Pays-Bas emboîte le pas de l’Allemagne et décide à son tour de retirer la mention de genre sur les cartes d’identité d’ici 2024. Le genre apparaîtra cependant toujours sur les passeports à cause des réglementations européennes.

En Californie, les détenu.e.s non cisgenres pourront être incarcéré.e.s dans la prison de leur choix. Cela permet de protéger les personnes trans, non binaires ou intersexes d’un certain nombre de violences.

Le congé paternité

Parce que le congé paternité est aussi un sujet féministe, on en profite pour vous donner de bonnes nouvelles. La Finlande a décidé d’allonger ce congé jusqu’à 6 mois et demi pour les deux parents de l’enfant.

En France, le congé passe de 14 à 28 jours à partir de juillet 2021, dont 7 jours seront obligatoires. Même si cette avancée peut sembler minime, elle aura au moins eu le mérite de remettre le sujet au centre du débat.

Au Japon, pas de changement législatif, mais un bel exemple en janvier avec Shinjiro Koizumi, ministre de l’Environnement, qui a annoncé son intention de prendre un congé paternité. Si chaque parent peut prendre un an après la naissance de l’enfant, la pratique montre que seuls 6 % des pères profitent du congé paternité (et même pas en entier), à cause notamment de l’injonction de travailler, très présente dans le pays. Qu’une figure aussi importante qu’un représentant de l’État annonce publiquement sa volonté de prendre ce congé poussera peut-être vers une normalisation de la pratique.

Pour aller plus loin

Vous pouvez suivre la chaîne Youtube d’Esther Reporter, qui sort tous les mois une vidéo sur les bonnes nouvelles du féminisme.

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À propos de l’autrice

Autoentrepreneuse en rédaction, Louise est experte en langue française et bientôt doctorante en Sciences de l’Information et de la Communication sur un sujet lié aux études de genre.

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Cover picture : Ricochet64 – stock.adobe.com / Facebook Décider ensemble à Tilloy-Lez-Marchiennes