Les 26 et 28 septembre marquent respectivement la célébration des Journées mondiales de la contraception et du droit à l’avortement. L’occasion de faire le point en 2020 sur l’accessibilité à ces deux droits fondamentaux dans le monde. Force est de constater, qu’en la matière, de nombreuses inégalités persistent et semblent même s’aggraver. Contraception et droit à l’avortement : où en est-on dans le monde ?
Par Violaine Cherrier
Comme on pouvait s’y attendre, à quelques semaines à peine de l’élection présidentielle, Donald Trump a nommé la juge Amy Coney Barrett, figure de la droite religieuse américaine et fervente opposée à l’IVG, pour siéger à la Cour suprême en remplacement de Ruth Bader Ginsburg, figure mythique de la lutte en faveur des droits des femmes aux États-Unis. Une proposition intervenue le 26 septembre, journée internationale de la contraception. Tout un symbole.
Si elle est confirmée, cette décision pourrait alors faire craindre un certain recul concernant le droit des femmes à disposer de leur corps. Le président américain avait déjà supprimé une mesure phare de la loi « Obamacare » qui rendait obligatoire d’intégrer le remboursement de la contraception dans la couverture santé proposée par l’employeur à ses collaboratrices. Malheureusement, les États-Unis ne sont pas le seul pays au monde dans lequel les droits des femmes semblent reculer.
« N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis, vous devez rester vigilantes votre vie durant. »
Simone de Beauvoir
Tour d’horizon en huit chiffres clés de la contraception et du droit à l’avortement dans le monde ((cliquez sur les images pour les agrandir).
Accès à la contraception : 100 000 décès de trop
Début des années 2000, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), quand le taux d’accès à un moyen de contraception moderne était de l’ordre de 70 %, le nombre des avortements était de 10 à 30 pour 1000 femmes en âge de procréer. Ce chiffre passait de 30 à 50 quand ce pourcentage tombait entre 40 et 60 %.
On estimait ainsi à 19 millions d’avortements clandestins par an dans les pays pauvres, provoquant la mort de près de 100 000 femmes, dont 40 % en Afrique.
Source : Alternatives Économiques, 2003
57,4% utilisent des contraceptifs en 2019
Ce taux d’utilisation des contraceptifs dans le monde était de 54% en 1990. La bonne nouvelle est que cette proportion a augmenté dans de nombreuses régions du monde, en particulier en Asie où il est de 61%, et en Amérique latine, où il atteint 67%. Mais il reste faible en Afrique subsaharienne (27,6%), selon les statistiques de l’OMS.
De même, la relation entre le niveau d’éducation et l’accès à la contraception apparaît clairement. La santé et l’accès aux soins pour les femmes, notamment par le biais des plannings familiaux, s’imposent alors comme des leviers de développement économiques majeurs.
Source : Le Monde Diplomatique, 2020
13 méthodes de contraception modernes
En 2015, près de deux couples sur trois dans le monde utilisent une méthode contraceptive. En France, la pilule reste le moyen le plus courant : près d’une Française sur deux ne souhaitant pas être enceinte l’utilise.
Toutefois, d’autres pays privilégient quant à eux d’autres méthodes telles que, par ordre d’importance, la stérilisation (dans 34 % des cas), le stérilet (22 %), la pilule contraceptive (14 %), le préservatif (12 %), et l’injection ou l’implant hormonal (8 %).
Source : The Conversation, 2017
84% de grossesses non désirées
C’est le taux de grossesses non désirées chez les femmes qui n’ont pas accès aux méthodes modernes de contraception. Dans les régions en développement, 74% des femmes n’utilisent aucune méthode de contraception et 10% des femmes utilisent une méthode traditionnelle.
Source : Guttmacher Institute, 2020
Près de 40 % des femmes auront recours à l’IVG
En France, la loi sur l’interruption volontaire de grossesse rappelle que toute femme enceinte, majeure ou mineure, qui ne veut pas poursuivre une grossesse, a le droit de demander à un médecin l’interruption de sa grossesse.
Le ministère des Solidarités et de la Santé invite les femmes à la plus grande vigilance et rappelle que le site ivg.gouv.fr est le site de référence pour s’informer sur l’interruption volontaire de grossesse : délais, méthodes, droits, centres d’aides et de planification…
Source : Ministère des Solidarités et de la Santé, 2019
Plus de 20 millions de grossesses non désirées chez les ados
Un quart des jeunes de 15 à 24 ans a sa première relation sexuelle sans contraception. 16 millions d’adolescentes, âgées entre 15 et 19 ans, accouchent chaque année dans le monde. Elles sont également un million âgées de moins de 15 ans à accoucher. La plupart habitent dans des pays à faible revenu ou intermédiaire.
Sources : Organisation mondiale de la santé, 2020 – Grossesse adolescente, 2020
5,6 millions d’avortements par an
Sur les 5,6 millions d’avortements qui, selon les estimations, sont pratiqués chaque année chez les jeunes filles âgées de 15 à 19 ans, 3,9 millions sont non sécurisés, ce qui contribue à la mortalité et morbidité maternelles et entraîne des problèmes de santé durables. En France, en 2019, plus de 7 000 avortements ont eu lieu chez des filles de moins de 18 ans.
Sources : Organisation mondiale de la santé, 2020 – Agence régionale de santé Normandie, 2020 – Atlasocio, 2019
1,1 milliard de femmes ont besoin de planification familiale
En 2019, sur 1,9 milliard de femmes en âge de procréer (15-49 ans) dans le monde, elles sont 1,1 milliard à avoir besoin de planification familiale ; parmi celles-ci, 842 millions utilisent des méthodes de contraception, et 270 millions n’ont pas accès à la contraception dont elles ont besoin.
La proportion de femmes en âge de procréer (15 à 49 ans) utilisant des méthodes modernes de planification familiale – l’indicateur 3.7.1 des objectifs de développement durable – était de 75,7 % à l’échelle mondiale en 2019 ; toutefois, moins de la moitié des besoins en planification familiale étaient satisfaits en Afrique centrale et en Afrique de l’Ouest.
Source : Organisation mondiale de la santé, 2020
La contraception la plus efficace est celle qui vous convient :
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À propos de l’autrice
Violaine Cherrier est journaliste et content manager indépendante spécialisée dans le secteur IT. Blogueuse sur le sujet de l’égalité professionnelle, elle rédige sur ce sujet pour la presse écrite, et intervient dans des conférences. Elle est également engagée en faveur de la lutte contre les discriminations dans le sport, notamment en tant que bénévole pour le Tournoi International de Paris et les Gay Games.
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