À l’occasion du FéminismeCamp organisé le 21 novembre 2020 et qui a regroupé une quarantaine de participant.e.s, une douzaine de participant.e.s ont assisté à l’atelier dédié au thème de l’égalité professionnelle. Cet article présente une synthèse de leurs échanges et de leurs retours d’expérience.

Par Violaine

Constat : les inégalités persistent

D’un point de vue quasi-unanime, il apparaît que de nombreuses inégalités persistent aujourd’hui encore dans le monde du travail, et ce malgré les initiatives mises en place. En effet, si les mesures existent, force est de constater qu’elles restent souvent superficielles voire inappliquées.

Autre constat : les inégalités existent dans tous les secteurs, dans un sens comme dans l’autre, et à tous les niveaux. Dans l’industrie par exemple, elles se ressentent autant au niveau des emplois que de l’alternance. Dans l’administration en revanche, c’est une trop forte proportion de femmes qui est à déplorer… sauf dans les fonctions supérieures !

Comment ces inégalités s’expriment-elles concrètement ? Par un manque de respect et surtout des écarts salariaux, parfois importants.

Les femmes salariées du secteur privé gagnent en moyenne 16,8 % de moins que les hommes en équivalent temps plein, c’est-à-dire pour un même volume de travail. Un écart qui monte à 28,5% en termes de rémunération, c’est-à-dire intégrant la plus forte proportion de femmes à exercer un temps partiel. Source : Insee, 2020

Dès lors se pose la question de savoir comment parvenir à faire bouger les choses de manière plus concrète dans les entreprises. Quelles solutions et réflexions mener pour dépasser le fameux plafond de verre auquel chacun.e sera confronté.e un jour ou l’autre ?

Que dit la loi ?

loi n°72-1143 du 22 décembre 1972 relative à l’égalité de rémunération entre les hommes et les femmes introduit le principe « à travail égal, salaire égal ».

Pourtant, la France s’est dotée il y a près de 50 ans d’un arsenal juridique censé empêcher les discriminations salariales. En effet, la loi n°72-1143 du 22 décembre 1972 relative à l’égalité de rémunération entre les hommes et les femmes introduit le principe « à travail égal, salaire égal ».

Mais dans les faits, la réalité diffère fortement. La raison : aucune instance de contrôle n’a été mise en œuvre pour vérifier la politique salariale des entreprises du secteur privé. Et difficile de porter l’affaire en justice !

En 2018, deux ministres, Marlène Schiappa et Muriel Pénicaud, lançaient donc l’index égalité Femmes-Hommes avec pour objectif de réduire les inégalités salariales dans les 3 ans.

On en est loin ! Que faut-il donc de plus dans l’arsenal juridique pour y arriver ? Qu’est-ce que les femmes peuvent faire pour rappeler cet objectif et l’atteindre d’ici mars 2022 ?

Un manque de confiance… et de conscience ?

Congés maternité, plus de réticences à négocier leur salaire, plus de temps partiel, tâches familiales majoritairement assumées par les femmes… Les inégalités professionnelles reflètent tout simplement celles que l’on peut observer dans la vie de tous les jours, dans la société, au sein du cercle familial ou même sur les bancs de l’école.

Résultat, les femmes manquent souvent de confiance… mais aussi de prise de conscience. Beaucoup ressentent en effet le devoir de “faire leurs preuves” pour être entendues ou considérées, voire même pour avoir le “droit d’exister”. Au bureau… comme à la maison.

Un sentiment d’imposture qui fait place à un combat permanent pour “évoluer” et “monter dans la hiérarchie”. Mais un combat que beaucoup mènent seules. Or, de plus en plus de femmes réalisent “qu’il faut des alliés pour avancer”, et pas uniquement des compétences.

Comment parvenir à l’égalité professionnelle ?

Si l’égalité semble lointaine et difficile à atteindre, heureusement, l’espoir est permis. Début 2021, nous pouvons constater les effets bénéfiques de certaines initiatives, à l’image de la loi Copé-Zimmermann imposant 40 % de femmes dans les conseils d’administration des entreprises du CAC40.

Et ça marche ! Non seulement, la France est la championne d’Europe de la mixité au sein des gouvernances, mais la mesure s’étend progressivement à toutes les entreprises !

Avec un taux moyen de femmes dans les Conseils d’Administration / Conseil de Surveillance de 44,2%, la France arrive en tête de l’indice européen 2018 de la mixité, devant la Suède et l’Italie.

Autre point positif : la France est le seul pays européen dans lequel les directrices non exécutives perçoivent plus que leurs homologues masculins (6 % en moyenne).

Les axes de travail prioritaires

Les participant.e.s à l’atelier ont ainsi mis en avant quelques pistes de réflexion à étudier en priorité au sein des entreprises et des organisations afin de réduire les inégalités professionnelles.

1/ Développer la mixité au niveau des directions et des conseils d’administration

Définir et afficher à la vue de tous et de toutes au sein de l’organisme les critères de sélection aux postes de direction :parcours professionnel, profil recherché…
Mettre en place un processus de promotion clair et équitable. Chacun et chacune doivent s’emparer du sujet en interne et demander des informations sur comment se passent les promotions dans la boîte.

2/ Lutter contre le plafond de verre

C’est un fait : les femmes osent moins demander et doivent plus souvent essuyer des refus. Par exemple : un homme postule lorsqu’il considère avoir 30% des compétences pour un job alors qu’une femme attend d’avoir (ou de penser avoir) 80% pour oser postuler.

  • Il est donc essentiel de proposer des formations pour développer la confiance en soi, l’estime de soi pour éviter la culpabilité et défendre ses droits sans agressivité.
  • Proposer également des formations pour apprendre à négocier, à gérer sa relation avec son manager, développer ses réseaux et le mentoring homme-femme.
  • Créer des réseaux professionnels pour favoriser la sororité.
  • Réaliser des ateliers “négociations” pour apprendre à parler de l’argent sans blocage.

3/ Tendre vers l’équité salariale

Adapter le langage : arrêter de dire “SE vendre” pour privilégier l’expression “vendre ses COMPÉTENCES ».

De façon globale, augmenter les salaires des femmes au même niveau que celui des hommes pour un travail égal.

Afficher une grille salariale dans l’entreprise pour plus de transparence.

Quelques ressources sur l’égalité professionnelle

Un peu de lecture

À écouter

Pour s’informer

À propos de l’autrice

Violaine Cherrier est journaliste et content manager indépendante spécialisée dans le secteur IT. Blogueuse sur le sujet de l’égalité professionnelle, elle rédige sur ce sujet pour la presse écrite, et intervient dans des conférences. Elle est également engagée en faveur de la lutte contre les discriminations dans le sport, notamment en tant que bénévole pour le Tournoi International de Paris.

Lire aussi

 

Crédits photos : militante féministe des droits de l’homme et de la femme, de delcarmat, sur Shutterstock.