Malgré la publication de deux ouvrages majeurs, cette figure des mathématiques du XVII e siècle reste largement méconnue. Il est temps de remettre à l’honneur cette vulgarisatrice au talent précoce, dont les travaux ont transformé le système métrique décimal.
Par Lionel Lesguer
Connaissez-vous Marie Crous ? Il y a peu de chances… C’est pourtant une figure de l’histoire des mathématiques en France, notamment du XVII e siècle. Les détails de sa vie personnelle sont peu nombreux. On sait qu’elle est née en 1620, mais sa date de décès est inconnue. Sa famille est d’origine modeste. Elle fut la préceptrice de Charlotte de Caumont La Force, qui deviendra romancière et poétesse. Autre élément notable de la biographie de Marie Crous : elle bénéficia du soutien de la duchesse d’Aiguillon, nièce du Cardinal de Richelieu.
Un traité de mathématiques qui vise la simplification
Au XVII e siècle, 50 livres d’arithmétique furent publiés. Parmi leurs auteurs, deux femmes seulement : Marie Crous et Marguerite Bramereau, qui publia un traité en 1655 à l’âge de 12 ans… Marie Crous quant à elle est connue pour deux publications importantes. Son premier ouvrage fut écrit en 1636. Elle avait alors 16 ans. Cinq ans plus tard, elle publia le second. « Advis de Marie Crous aux filles exersantes l’arithmetique : sur les dixmes ou dixieme du sieur Stevin » (1636) : dans ce premier ouvrage, Marie Crous contribue au développement de l’arithmétique en utilisant les fractions décimales, s’inspirant des travaux de Simon Stevin. Elle plaide en faveur de l’introduction du système décimal en France. Avant l’existence du point (ou de la virgule), les chiffres après le nombre entier étaient des fractions. L’autrice estime qu’« il est plus commode de mettre, entre les primes et les unités, un point ». Par exemple, actuellement, nous écririons 8,875 lieux mais, il y a quatre siècles, les auteurs écrivaient 8 lieux ⅞ de pieds. Elle suggère aussi de remplacer le décimal manquant par un zéro, et milite pour l’adoption d’un système métrique décimal.
« Il me semble que, suivant cet avis, ce serait aux souverains changer la division de leurs monnaies, poids et mesures, car pour l’ausneur et le toiseur, avoir marqué leurs mesures en dixième sur un côté où les marques du souverain ne sont… »
Si Marie Crous n’obtint pas gain de cause à son époque, ce système fut néanmoins mis en place pendant la Révolution française.

La vulgarisation des maths au bénéfice des femmes ?
Son deuxième ouvrage vise à faciliter l’appropriation des mathématiques. « Abbrégé recherché de Marie Crous. Pour tirer la solution de toutes propositions d’aritmetique, dependantes des reigles y contenuës » (1641) est en effet un manuel d’arithmétique pratique qui offre des règles et des solutions à divers problèmes mathématiques.
Si ses apports restent largement méconnus, Marie Crous a joué un rôle clé dans la diffusion des mathématiques, en particulier en tant que vulgarisatrice pour les femmes de son époque. Elle dédicace ainsi son premier livre « aux filles, mes compagnes ». Plus largement, ses travaux sur le système décimal ont contribué à son adoption progressive en France. Aujourd’hui, il est possible de consulter les ouvrages originaux de Marie Crous – disponibles uniquement auprès de la bibliothèque Mazarine – ou la version numérisée sur son site web. D’un intérêt historique indéniable, ils mériteraient d’attirer l’attention d’un éditeur pour les publier à nouveau, et les faire ainsi connaître au plus grand nombre.
Pour en savoir plus :
Podcast de Radio France, série « Les femmes de science », épisode 3 : Un livre de sciences écrit au XVIIᵉ siècle par une femme et pour les femmes
Deux grands outrages sont faits à la femme par l’homme :
L’outrage sexuel, l’outrage spirituel.
Voici un exemple de ce système qui consiste à oublier la femme dans la glorification accordée aux illustres : c’est avec le travail de Sophie Germain, intitulé : Mémoire sur l’emploi de l’épaisseur dans la théorie des surfaces élastiques que l’on a fait les calculs qui ont permis d’édifier la tour Eiffel. Une fois l’édifice terminé, on a voulu y inscrire les noms des grands hommes qui se sont illustrés dans la science et, tout autour du monument se trouvent inscrits des noms, dont beaucoup sont inconnus du public. Personne n’a pensé à mettre parmi ces noms masculins celui de Sophie Germain.
NB : Si l’on voulait rétablir la vérité et restituer le véritable sexe des auteurs qui ont illustré l’humanité depuis l’antiquité, on causerait un étonnement profond, tant l’esprit des hommes s’est habitué aux mensonges historiques. On n’a pas assez pensé que ce sont des hommes qui ont écrit l’histoire et qu’ils l’ont écrite avec leur orgueil, glorifiant leur sexe à travers les âges comme ils le glorifient dans les temps modernes, et laissant dans l’ombre la femme modeste, faisant incessamment une œuvre que l’homme lui vole incessamment.
Aussi, un des arguments les plus communs pour justifier la subordination des femmes est celui-ci : Elle a toujours existé !
S’appuyant sur l’histoire qui nous raconte à sa façon le passé de nos aïeules, on affirme que, de tous temps, les choses étaient ainsi.
La tradition antique personnifia toujours la science et les lettres par neuf femmes qui furent les neuf grandes Révélatrices. Par la suite, les Sociétés secrètes qui ont continué les Mystères antiques les ont symbolisé par Neuf Sœurs.
Quelles étaient en réalité ces neuf sœurs ? Les voici…