Cet article est issu d’une session ayant eu lieu lors du premier #FéminismeCamp, organisé le 21 novembre dernier par notre association et dont le thème était les violences.

Par Colette Bargain

La violence: définition “officielle”

L’expression “Violences faites aux femmes” n’a pas encore sa place dans le dictionnaire, mais le site L’internaute.fr nous dit ceci : 

Actes violents exercés par certains groupes sur les femmes. Ces actes sont souvent encouragés ou justifiés par la représentation de la femme dans une société.”

Notre définition de la violence

Mais pour nous, que sont les violences ? Que nous inspirent-elles ? Pour nous, les violences faites aux femmes sont multiples et présentes dans tous les milieux sociaux et à tout âge : violences morales, conjugales, physiques, viols, harcèlement de rue, etc. 

Pourtant, les médias représentent aujourd’hui principalement un type bien précis de violence : les violences conjugales, en invisibilisant les autres types de violences, pourtant tout aussi présentes dans notre société. Au-delà de leur représentation dans les médias et leur diversité, les violences faites aux femmes ont fait ressortir trois axes principaux dans notre groupe de travail :

  • Les difficultés à détecter la violence
  • Les difficultés à faire reconnaître les violences par la loi
  • À quel moment aider sachant que les victimes sont dans le déni ou peuvent avoir peur du jugement des autres ?

Comment détecter la violence ?

Il a été remonté que le Centre Hubertine Auclert a créé de nombreux outils pour aider à détecter les violences, que ce soit par les victimes ou par l’entourage. Citons par exemple le violentomètre, une règle permettant d’évaluer la situation d’éventuelles violences conjugales.

Le violentomètre vous indique par exemple “Vigilance, dis STOP” quand le conjoint est dans une situation de “Contrôle tes sorties, habits, maquillage”.

Le violentomètre, un outil pour lutter contre les violences faites aux femmes

On peut aussi parler du “Point noir”, dispositif porté par l’association du même nom, qui aide les femmes isolées à s’en sortir, et les incite à dessiner un point noir sur leur main pour indiquer qu’elles sont victimes de violence.

Focus sur les violences au travail

Un point particulier a également été fait sur la détection des violences au travail : en effet, nous avons constaté qu’il n’existe pas aujourd’hui de dispositif pour détecter les violences en milieu professionnel.  Les violences au travail ne sont pas assez recensées (quelques chiffres sont disponibles ici), la médecine du travail est de mainmise avec l’entreprise, et ce qui est remonté n’est pas pris en compte.

L’employé.e peut également ressentir un devoir de reconnaissance, et son expression du malaise peut être mal comprise et rapportée à l’incompétence professionnelle.

Les victimes sont stigmatisées, et il est difficile d’agir quand l’agresseur est un employé “ancien”, on l’a vu récemment avec l’affaire Ubisoft.

Il est également rapporté la difficulté d’avoir des preuves concrètes permettant aux Ressources Humaines d’agir.

Quelques solutions ont été proposées pour les violences dans ce contexte particulier :

  • À l’image de MeToo, il est possible de témoigner en anonyme
  • Faire appel à l’extérieur plutôt qu’en interne dans l’entreprise, par exemple avec des collectifs comme Les Lionnes qui luttent contre le harcèlement dans les agences de pub

De grands groupes comme Carrefour, L’Oréal, SNCF, BNP Paribas, etc., ont également mis en place des mesures concrètes, notamment avec le mouvement #OneInThreeWomen.

Comment faire reconnaître les violences par la loi ?

Tout d’abord, quelques chiffres effarants : en France, les violences envers les femmes, dans la société” comme au sein du foyer conjugal, semblent normalisées et banalisées  : 

  • 81% des plaintes pour violences conjugales sont classées sans suite.
  • 91% des plaintes pour violences au travail  sont classées sans suite. 

Ces chiffres s’expliqueraient par deux raisons :

  • Pour la police, il est difficile d’agir sans enregistrement, sans preuve recevable devant la justice.
  • En France,la politique est de laisser un coupable en liberté plutôt que de mettre un innocent en prison.

Une solution a été présentée par Sandy Beky, créatrice de HeHop  , un outil de capture de preuves sur la blockchain, permettant des enregistrements non modifiables ou supprimables, et donc recevables devant la justice.

Comment et à quel moment aider ?

Quelques pistes ont été évoquées pour savoir comment et quand aider une femme victime de violences :

  • Une formation sur le harcèlement de rue proposée par la Fondation des Femmes : Stand Up
  • Ne pas hésiter à dénoncer et ne pas rester silencieux.se 
  • Jouer sur la contagion émotionnelle et l’empathie

Quelques liens pour approfondir le sujet :

À propos de Colette Bargain

Libraire dans une autre vie, passionnée d’informatique, Colette est secrétaire de l’Association Française du Féminisme et était engagée pour le TEDxChampsÉlyséesWomen en 2018. Elle tient le blog de lectures Les lectures de Shaya, axé sur l’Imaginaire depuis 2011 et travaille aujourd’hui en qualité logicielle.