On dit souvent qu’une image vaut mille mots, et l’on sait aussi que la condition des femmes est probablement l’un des indicateurs les plus probants du développement d’un pays. L’Atlas des femmes de Joni Seager nous apporte une richesse exhaustive de points de vue et autres indicateurs sur la place des femmes dans le monde.

Par Sarah Sauquet

L’Atlas des femmes publié en français chez Robert Laffont, et qui fut publié pour la première fois aux États-Unis en 1986 (l’ouvrage a connu plusieurs mises à jour), se veut, selon son autrice Joni Seager, non pas un atlas sur les femmes mais un atlas féministe qui représente « le monde à partir de l’expérience qu’en font les femmes qui l’habitent »[1].

Joni Seager est notamment géographe, experte en géopolitique et féministe, consultante auprès des Nations Unies en matière de genre et de politique environnementale. La traduction française a été assurée par deux femmes, Hélène Florea et Anna Postel.

Une imparable démonstration

Cet ouvrage coloré et très agréable à manier s’adresse aussi bien aux spécialistes qu’aux néophytes, et constitue une imparable démonstration de toutes les injustices dont peuvent être victimes les femmes dans le monde.

L’Atlas des femmes est idéal pour les réfractaires aux idéologies et aux longs discours, et sera à même de provoquer le fameux déclic féministe chez bien des sceptiques. Pourquoi ? Parce qu’il se fonde sur des chiffres et des données objectives sur lesquels s’appuyer pour débattre.

Un document extrêmement riche

L’Atlas des femmes est constitué de 9 chapitres :

  1. Les femmes dans le monde
  2. Maintenir les femmes à leur place
  3. Reproduction
  4. Politiques du corps
  5. Santé
  6. Travail
  7. Éducation et connectivité
  8. Propriété et pauvreté
  9. Pouvoir

Richement documenté, il répertorie de très nombreuses données, dans le temps et l’espace, les explique, les analyse et les compare, en des termes à la fois accessibles et précis.

Joni Seager rappelle la genèse et l’évolution de certains phénomènes. Ainsi, la page consacrée aux réseaux sociaux est un moyen de revenir sur le mouvement Me Too, et aborde aussi bien la défécation à ciel ouvert, bien sûr propice aux viols, que les déserts contraceptifs, le cancer du sein, l’analphabétisme, l’accès à la propriété, les femmes en politique ou le mode opératoire de Boko Haram.

Les schémas, extrêmement pratiques pour celles et ceux qui aiment visualiser, se révèlent particulièrement efficaces pour expliquer les flux migratoires ou la traite sexuelle à l’échelle mondiale.

Tout est politique et tout est féministe

S’il est difficile de s’arrêter sur tous les sujets abordés par Joni Seager (l’ouvrage fait 200 pages, et presque chaque page est consacrée à une problématique différente), L’Atlas des femmes appelle au décentrement, dessille notre regard, tord le cou à l’optimisme béat, et appelle à nous défaire de nos représentations.

Sans surprise, on y prend la mesure des inégalités femmes-hommes à l’échelle d’un pays, mais surtout des injustices dont sont victimes les femmes en Afrique subsaharienne, en Asie ou au Moyen-Orient. On y réalise qu’il n’y a pas un, mais mille combats féministes et que, si bien des choses sont acquises dans certains pays, aucun n’est épargné par les inégalités femmes-hommes.

Comme tout est politique, tout est féministe, et chaque décision gouvernementale, chaque traité international a un impact direct, concret sur la vie des femmes. Parce que se pencher sur les statistiques des femmes, c’est nécessairement être confronté.e à l’invisibilisation et à la clandestinité, on ne peut que saluer le travail de Joni Seager, incroyablement documenté.

Une bibliographie de plusieurs pages, en anglais, parachève l’atlas. On y trouvera aussi des citations d’autrices, de sportives, ou de militantes féministes qui émaillent les différents chapitres et sujets, et les incarnent au mieux. En somme, une véritable mine, à offrir et à s’offrir !

L’Atlas des femmes, Joni Seager Parution le 17/10/2019 chez Robert Laffont 208 pages, format broché EAN : 9782221242971 22 euros

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[1] L’Atlas des femmes, Joni Seager, page 7

À propos de Sarah Sauquet

Professeure de lettres modernes, Sarah Sauquet est, avec sa mère ingénieure, à l’origine de six applications de littérature classique, parmi lesquelles Un texte Un jour. Intervenante lors du TedxCEWomen en 2013, Sarah est également blogueuse, autrice, et elle donne également des conférences sur les liens entre littérature et marketing. Qu’il s’agisse d’enseigner, d’écrire, ou d’animer une communauté digitale, son travail tourne autour d’un même objectif : celui de susciter l’envie de lire des classiques.

 

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